Rêve de réussir dans notre pays natal après nos hautes études en Occident ! Rêve d’être ministre, occuper des postes de PDG, frimer en “ Big Boss ” au pays ! Manque de réalisme en oubliant que là-bas, en politique et positionnement stratégique, on ne se fait pas non plus de cadeau entre les locaux et la Diaspora. La course au “pouvoir ” c’est vaincre l’adversaire sans pitié, car seule la victoire compte ! Aura raison celui qui aura “ tiré ” le premier. Diaspora par-ci, Diaspora par là-bas. Diaspora en Occident, Dias pourri en Afrique ! Bardés des diplômes, nous croupissons en rupture de ban globalement en occupant des emplois de survie. Je me le demande toujours pourquoi ! Sans doute en raison du manque de réalisme. Manque de bon sens, l’Africain est souvent retardataire.

Diaspora, on a échoué dans nos vies de couple.

Echec de mener une vie équilibrée d’homme à l’africaine. Ici les épouses humilient leurs maris devant les enfants. Ces maris en jeûne affectif forcé relégués au rôle de mendiants sous la couette alors que leurs congénères, à l’instar de “ gros bébés ” du peintre congolais Chéri Samba, sont gravés des soins câlinés intensifs au Bled. Ces maris de la diaspora dans leur majorité sans autorité, simples étalons reproducteurs, sont humiliés dans leur orgueil de mâles tels les chiens peureux à la queue molle entre les pattes au sens propre comme au fi guré. Malheur à celui qui n’a pas de boulot, donc un improductif nourri et sponsorisé par sa femme et qui va rejoindre le peloton des hommes “ virés ” à 100 mètres. Diaspora, on a démissionné devant les allocations sociales, “ income support ”. Souvent, on se bagarre pour gérer les Western Union et autres Money Gram en vue de sponsoriser nos familles respectives promptement aux aguets du code et de mot de passe magiques au Bled. Des maris diplômés mais démissionnaires devant leurs devoirs de parents dans un rêve d’un avenir meilleur au pays.

Diaspora, on a échoué dans l’éducation de nos enfants.

Ces enfants Rois sans ambition, sans goût du travail, sans objectif depuis leurs berceaux. Ces enfants Rois sans goût de l’effort, sans discipline, sans respect de l’autorité ni de la hiérarchie, ni de leurs enseignants. Désormais “ enfants de juges ”, leur encadrement par la police en guise de seconde chance s’impose sans état d’âme. Ces enfants Rois font tout ce qu’ils veulent. Si tu veux un divorce avantageux, soit “ cool ” et “ rampe à plat ventre ” devant ta progéniture. C’est oublier que “ chercher à plaire à ses enfants, c’est de la séduction, pas de l’éducation ” selon la pédopsychiatre française Aldo Nouri dans son livre “ Eduquer ses enfants : l’urgence aujourd’hui ”. En cas de divorce, l’enfant “ Roi ” choisira le parent le plus “ docile ”, le plus “cool”, le plus “ laxiste. ”.

Diaspora, on va échouer à la retraite si nous rêvons de passer notre vie de senior au pays d’accueil.

On continue à rêver : “ Nous ne vieillirons pas en Occident ”. Or, la réalité va nous attraper. On est bloqué ici parce que ça ne va pas bien là-bas ! A l’instar des romains, il y a lieu d’être épicurien et savoir profi ter du moment présent “ ubi bene ibi patria ” : “ On est chez soi là où on se sent mieux ”, “ Well there well country ” au lieu de persévérer dans des illusions. Le cimetière de la diaspora dans sa majorité est ici en Occident. Sauf pour ceux qui s’acharnent à rêver.

Les morts “ souffrent ” aussi et ne “ reposent pas en paix ” : on vole par-ci leurs fl eurs, par-là leurs cercueils. Traités de fantômes, ils sont craints au cimetière à l’abandon désormais lieu de sorcellerie et de magie noire. En Occident, les morts sont des “ Saints ”. Leur fête, c’est la Toussaint. Les cimetières fl euris, lieux de souvenir et de recueillement, les morts reposent en paix (Requiescat in pace, Rest in peace, RIP). Alors je demande à mes distingués compatriotes africains de la diaspora, de reconnaître l’échec dans cette chienne de vie qui serait un signe de sursaut salvateur, le contraire serait suicidaire.

Finalement, de qui vous moquez-vous ? Il est trop facile de critiquer les locaux…N’est-ce pas vrai ? Sur ce, commençons d’abord par leur donner le bel exemple en s’intégrant, en s’adaptant et en respectant les lois des pays qui nous nous accueillent bien que nous soyons des natifs. Qui remet à demain, trouve malheur en chemin !

Correspondance particulière de Jean Marc Képhas